La mort du héros

Chronique de la semaine ! 
Cette semaine, on va parler de la mort des personnages dans un roman. Plus particulièrement de la mort des protagonistes, c’est-à-dire des «héros».
Je me souviens que la première fois que j’ai été confronté à la mort d’un héros dans un roman, quand j’étais enfant, c’était avec La case de l’oncle Tom, ce roman antiesclavagiste de la romancière américaine Harriet Beecher Stowe publié en 1852, quelques années avant la guerre de Sécession. Je ne comprenais pas ce choix scénaristique de la part de l’auteure : pourquoi faire mourir le héros, auxquels se sont attachés les lecteurs ? Il ne méritait pas cela ! Un autre cas qui m’a marqué, également, c’est la mort de Jean Valjean dans Les misérables, ce monument de la littérature française de Victor Hugo. Après tout ce qu’il avait enduré, l’ancien forçat, qui n’était pourtant plus traqué par l’inspecteur de police Javert, s’éteint. Mais pourquoi donc ?
J’ai eu le temps d’y réfléchir depuis. Je pense que le choix de faire mourir le héros dans un roman est avant tout une question de réalisme. Pourquoi seul « le méchant » devrait-il mourir ? Tuer le héros est une façon de montrer que celui-ci n’est pas invincible. C’est finalement lui donner plus d’humanité. L’auteur peut se dire qu’il est trop facile de proposer un happy end prévisible à ses lecteurs. La mort du héros est une caractéristique d’un récit adulte. La mort fait partie de ce que tout un chacun doit affronter dans la vie. Et dans la vie, bien sûr, tout ne se termine pas forcément bien…
De plus, je pense que la mort du héros permet de le glorifier, en lui donnant une dimension tragique. Mais pour cela, il faut lui offrir, si j’ose m’exprimer ainsi, une « belle mort ». Cela peut être soit un héros qui s’éteint progressivement, de vieillesse ou de maladie, un héros qui meurt en se sacrifiant, un héros victime d’un accident spectaculaire, ou même un héros qui est tué par un ennemi… La mise en scène de la mort du héros doit être soignée pour éveiller de fortes émotions chez le lecteur, et pourquoi pas, le faire réfléchir sur les sujets soulevés dans le roman. Pour moi, un auteur ne peut pas se permettre d’offrir au héros une mort bâclée ou décrite de façon anecdotique. 
Enfin, je pense également que faire mourir le héros est une façon, pour l’auteur, de poser un point final, et c’est aussi une façon d’être sûr que son personnage ne sera pas réexploité par d’autres auteurs. « Je me devais de mettre fin à ce cycle, sinon j’aurais pu mourir et Zuckerman aurait toujours été présent », expliquait l’écrivain américain Philip Roth à propos de la mort de son héros Nathan Zuckerman. Agatha Christie aurait tué son célèbre détective Hercule Poirot pour pouvoir passer à autre chose… Après tout, un auteur est totalement libre, il a droit de vie ou de mort sur ses personnages, il n’y a aucune règle en la matière, c’est lui qui décide, on n’a pas le droit de lui en vouloir !
Voilà pour la chronique de la semaine. N’hésitez pas à donner votre avis !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *